Une grossesse chamboulée par le cancer

Par Stéphanie Pharand
Crédits photo: Roses joues 


Le 2 décembre 2015, lors d’un rendez-vous de suivi à 32 semaines de grossesse, mon obstétricien m’a demandé de me rendre dans un hôpital loin de ma région pour subir des tests. Étant déjà mère d’une fillette d’un an et demi, j’ai hésité à m’y rendre; mais mon médecin m’a clairement fait comprendre que ma santé semblait précaire. J’ai donc pris la route et, dès mon arrivée, on m’a fait dix prises de sang. Le verdict n’a pas tardé à suivre : leucémie aiguë myéloblastique, un type de cancer du sang. J’étais sous le choc, effondrée d’apprendre une si grave nouvelle, surtout dans de telles circonstances.

On a devancé mon accouchement. J’ai donc donné naissance par césarienne à mon fils le 6 décembre, sous anesthésie générale. Puis, dès le 9, la chimiothérapie a débuté. Le plus difficile aura été de ne pas voir mon fils avant le 16 décembre. Non seulement mon cœur de mère en était bouleversé, mais je me sentais coupable, même s’il s’avérait impossible pour moi d’en faire plus.

Ce premier traitement de chimiothérapie n’a malheureusement pas fonctionné. J’en ai finalement subi quatre autres, avant d’avoir la chance inouïe de trouver un donneur de cellules souches. C’est seulement en juillet 2016 que la greffe a eu lieu, après huit mois passés à l’hôpital sans pouvoir m’occuper de mes jeunes enfants. J’ai d’ailleurs trouvé déchirant que mon fils sorte de l’hôpital avant moi.

Au total, j’aurai fait un séjour de 11 mois à l’hôpital. Malgré l’immense générosité du personnel et des bénévoles – dont un a même offert des cadeaux de Noël à mes enfants – je suis demeurée passablement isolée durant cette période. C’était mon choix, mais avec le recul, je recommande à celles qui vivent une situation semblable de s’ouvrir aux autres. Profitez de la présence d’autrui et des activités offertes sur les lieux de traitement.

Une année s’est maintenant écoulée depuis mon hospitalisation et je vais bien, malgré une santé toujours fragile. Ma famille et mes amis font preuve d’une très grande solidarité à l’égard de notre situation familiale. Et mon conjoint est tout simplement extraordinaire dans les circonstances. Je les remercie du fond du cœur pour tout ce qu’ils ont fait et font encore pour moi.

Durant mon séjour hospitalier, j’ai découvert le Programme à Félix de la Fondation québécoise du cancer. Je n’ai bénéficié pour ma part que du portail www.cancer15-39.com, mais connaissant maintenant tous les services offerts aux 15-39 ans, et ayant vécu l’épreuve qu’est celle d’être diagnostiquée d’un cancer pendant une grossesse, j’ai l’intention de devenir bénévole pour le service de jumelage téléphonique. J’espère ainsi transmettre courage et espoir à d’autres femmes qui vivent des moments semblables. Certes, il s’agit d’un immense défi, mais il vaut la peine à mes yeux de partager mon expérience contre la maladie. Mon fils, que j’ai eu peur de perdre, est aujourd’hui en excellente santé et je me sens choyée de pouvoir prendre soin de mes deux enfants, en respectant mes limites.

 

Vous souhaitez du soutien?

Vous êtes dans une situation semblable ou connaissez une femme qui l’est et souhaitez obtenir du soutien? La Fondation québécoise du cancer peut vous proposer de la documentation, des réponses à vos questions grâce à ses infirmières expérimentées en oncologie ainsi que de l’écoute, par le biais de son service de jumelage téléphonique. Pour en bénéficier, communiquez avec notre Ligne Info-cancer :

1 800 363-0063, du lundi au vendredi, de 9 h à 17 h

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